Le 23 septembre 2020, la RTS a commémoré les 50 ans du décès de Bourvil dans son émission La Matinale. Pour écouter cette émission, cliquez à gauche

André Raimbourg 27 juillet 1917 – 23 septembre 1970

Qui était ce grand personnage de Bourvil ?

Pour le savoir, des témoignages de ses proches et des archives radiophoniques nous dévoilent la personnalité de cet artiste aux 300 chansons et 57 films.

De son vrai nom André-Robert Raimbourg, Bourvil déclarait dans une interview, avoir manqué d’être instituteur :

« J’ai été commis boulanger, après j’ai été musicien et ensuite pendant la guerre j’étais garçon de course. Je portais des plis pour une maison de comptabilité »
J’ai été enfant de choeur pendant 7 ans. J’ai servi la messe de 6 ans à 13 ans et en latin. Remarquez que pas une seule fois j’ai demandé ce que ça voulait dire. Cela prouve que je ne suis pas curieux. Forcément, il m’avait dit que la curiosité c’est un pêché alors moi, j’étais discret, j’ai du tact, je n’ai pas voulu me mêler de ce qui ne me regardait pas »

« Mon 1er amour, j’avais 17 ans et elle 16 ans »

Elle, c’est Jeanne Lefrique, la fille d’un contremaître à la sucrerie du bourg. André et Jeanne s’unissent le 23 janvier 1943 à Petit Quevilly (en banlieue rouennnaise) et de leur union naîtront deux fils, Dominique, en 1950 et Philippe en 1953

« Quand j’avais 10 ans, je chantais déjà à l’école de Bourville »

Son instituteur, Monsieur René Lemonnier, l’appréciait beaucoup :

« En classe, il était très studieux et très appliqué, d’ailleurs il a obtenu le certificat d’études avec la mention très bien, le 1er prix et les félicitations du jury.C’était le bout-en-train de la classe »
« Très vite, j’ai pu déceler ses traits de caractère, sa simplicité, sa douceur, sa serviabilité et sa grande sensibilité. Ensuite j’ai été impressionné par ses dons pour le dessin, pour la peinture, par son esprit d’observation et sa finesse »
« Je l’avais envoyé à Doudeville au cours complémentaire pour qu’il continue ses études car je désirais qu’il soit instituteur mais la vie de l’internat ne l’intéressait pas. Il était épris de liberté. Au bout d’une année, il a quitté le pensionnat. C’est alors qu’il a appris le métier de boulanger et la musique. C’est immédiatement après la guerre qu’il a décidé de partir pour Paris avec son accordéon et son piston »

A Paris, le jeune Raimbourg commença ses spectacles sous le pseudonyme d’Andrel, nom qu’il avait choisi en référence aux imitations qu’il faisait de son idole Fernandel. Ses numéros provoquant moins l’hilarité du public, Bourvil prend le nom du village de sa mère où la famille s’est installée quand il avait 3 ans, après la mort de son père. Ce nouveau nom de scène lui portera chance puisqu’avec son copain musicien et compositeur Etienne Lorin, Bourvil écrit en 1945 sa première chanson « Les crayons » qui sera un réel succès mais aussi un tremplin pour sa carrière.
Selon son fils Dominique, avocat, il doit ce succès à ses qualités de travailleur acharné, perfectionniste :

« Il ne laissait rien au hasard. Travailleur de la terre, celle de ses parents, il y a un peu de ça »
« Souvent, il tournait pour le cinéma la journée, partait jouer au théâtre le soir, samedi et dimanche. Il avait du talent mais seul cela ne suffit pas »

Homme modeste et généreux, c’est un extraterrestre dans le milieu du Show Biz. C’est en tout cas l’avis de Pascal Delmotte, co-gestionnaire de la mémoire de Bourvil avec plus de 7’000 articles :

« Avec Fernandel, Louis de Funès et Jean Gabin, Bourvil fait partie des acteurs français qui ont attiré le plus de spectateurs dans les salles de cinéma »

Malgré toutes ses absences pour le travail, Bourvil trouvait le temps pour la famille, comme le souligne son fils, Philippe Raimbourg :

« Il se libérait au moins 6 semaines dans l’année, en partie pour se consacrer à sa famille restée en Seine Maritime. Puis nous partions en vacances en DS, sa voiture fétiche. Il en changeait tous les deux ans. On partait dans le Sud et à la montagne, car il s’était mis au ski sur le tard »

Pour la pratique du ski Bourvil aimait bien se rendre avec sa famille en Suisse, à Crans-Montana.
Quant à l’avenir professionnel de ses fils, Bourvil n’a rien imposé comme le témoigne Philippe Raimbourg, devenu professeur d’économie :

« Du côté de mon père au contraire c’était plutôt une incitation à ne pas l’imiter. Il avait l’impression que les métiers artistiques allaient s’industrialiser »

La notoriété de Bourvil était telle que la famille Raimbourg ne pouvait guère sortir avec lui dans Paris. Dominique Raimbourg sourit :

« Partout on le reconnaissait mais plusieurs fois, on l’a pris pour Fernandel. Un jour un passant dit à mon père : « Je vous ai adoré dans la vache et le prisonnier » et mon père de répondre : « Ah non le prisonnier c’était Fernandel, moi je jouais la vache. »

L’été, à l’écart des touristes, il aimait se rendre avec sa famille à la plage de Saint-Aubin sur mer.

En lui apprenant en 1968 qu’il est atteint de la maladie de Kahler, caractérisée par une lente destruction de la moelle osseuse, le médecin ne lui donne que quelques jours à vivre, quelques semaines s’il consent à se reposer. N’imaginant pas un seul instant abandonner les plateaux, il tournera encore quatre films jusqu’à l’automne 1970, dont « Le Cercle rouge » de Jean-Pierre Melville, dans lequel il campe admirablement un grand rôle de composition, en dissimulant ses souffrances autant que possible.

Et comme il n’aurait su mourir un 22 septembre ***, par crainte de peiner son voisin Georges Brassens un peu plus, il attendra le 23 pour s’éteindre …. à une heure du matin.

*** C’est une allusion à la chanson de Georges Brassens « Le 22 septembre » pour écouter la chanson, cliquez ICI

Yves Savary

 

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